Après
trois semaines de navigation, la flotte anglaise apparaît devant l'île
de Ré. À La Rochelle, la population demeure dans l'expectative.
Elle hésite à franchir le pas de la révolte. Pour ce
faire, le roi ordonne au duc d'Angoulême de déployer l'armée
autour de la ville. Le l" septembre, les Rochelais découvrent
les troupes royales qui ont entrepris le creusement de tranchées ;
ils les accueillent à coups de canons. Depuis Fort-Louis, les artilleurs
déclenchent un tir de contrebatterie. La guerre entre Rochelais, le
roi de France et Richelieu vient de commencer.
Conscient de l'importance stratégique de la résistance de Toiras
sur Ré, Richelieu réussit à 2 reprises, grâce à
l'audace et au courage des marins français, à briser le blocus
qui affame la garnison royale. Une première fois treize pinasses lourdement
chargées lui apportent des munitions et des vivres. Un second convoi
lui livre, au début du mois d'octobre, le renfort de plus de 800 hommes
et du ravitaillement.
Pendant ce temps, l'autre blocus, celui de La Rochelle, se précise.
Une ligne de circonvallation longue de 12 kilomètres, armée
de 11 forts et 18 redoutes, est mise au point par un ingénieur italien
Pompeo Targone.
Mais Richelieu, toujours préoccupé par le sort de Ré,
fait passer sur l'île, au début du mois de novembre 1627, environ
8 000 hommes et de l'artillerie sous le commandement de Schomberg. Averti,
Buckingham tente, une dernière fois, de prendre la citadelle de Saint-Martin
en Ré de vive force. Son échec à peine consommé,
il est attaqué par Schomberg alors qu'il retraite pour son rembarquement.
Le sort de l'île et du corps expéditionnaire anglais sont définitivement
scellés. Au cours de cet ultime combat, les Anglais perdent près
de 2 000 hommes, abandonnent une partie de leur artillerie et laissent aux
mains des Français plusieurs drapeaux.
Débarrassés
de l'épée de Damoclès que représentait pour eux
Buckingham, Richelieu et le roi reportent toute leur attention sur La Rochelle.
À la fin du mois de novembre, Metezeau, architecte du roi, et Thiriot,
entrepreneur parisien de maçonnerie, présentent le projet de
construction de la digue qui sera immortalisée par le tableau d'Henri
Motte.
Ils proposent de fermer le chenal, qui mesure environ 1 600 mètres
de large, par une digue de 1 400 mètres qui s'appuie sur des navires
coulés après avoir été préalablement remplis
de maçonnerie et de gravats divers.
Sur cette
base, les deux hommes de l'art envisagent d'élever une digue. Elle
aura 8 toises (16 mètres) à la base, 4 (8 mètres) au
sommet" (Roland Mousnier). Le roi accepte ces propositions ; 4 000 ouvriers,
largement rémunérés, sont engagés et immédiatement
mis au travail.
Avant son départ, le roi nomme le cardinal "lieutenant général
des armées" et lui donne les pleins pouvoirs pour mener à
son terme le siège de La Rochelle.
Dans la ville affamée la résistance ne faiblit pas aussi vite
que l'espérait le cardinal.
Au début du mois d'octobre, une flotte anglaise de plus de cent navires
bombarde les positions françaises. Mais aucune troupe ne débarque
pour secourir les assiégés. Dans la ville, plus de 13 000 d'entre
eux sont déjà morts de faim et d'épuisement.
Finalement, l'énergie farouche des Rochelais vacille devant l'inflexible
détermination du cardinal. Le 28 octobre 1628, la ville capitule sans
condition.
Le roi accorde une amnistie générale aux survivants. La foi
catholique est rétablie, les privilèges de la ville sont supprimés,
les murailles sont rasées. La ville ne compte plus guère que
5 000 survivants qui sont affamés dans les rues de la cité.
À
Paris, Richelieu redoute que les Anglais conquièrent les îles
de Ré et d'Oléron et les organisent comme de futures bases d'opérations
vers La Rochelle et contre le royaume des Bourbons. Il fait renforcer les
défenses à partir de février 1627 et envoie de l'artillerie,
2 000 fantassins et 200 cavaliers, sous le commandement du maréchal
de camp Jean de Saint-Bonnet de Toiras. La défense de l'île de
Ré, située à 3 kilomètres de la côte, en
face de La Rochelle, s'organise autour des deux forts existants de Saint-Martin
et de la Prée.
C'est en définitive la flotte anglaise qui dénoue la première
la situation.
Le 27 juin 1627, Buckingham, dont Charles Ier a fait un grand amiral et un général, appareille de Portsmouth à la tête d'une flotte qui compte près de 100 navires avec, dans leurs flancs, plusieurs régiments d'infanterie et de cavalerie. Il a l'intention de faire respecter par le roi de France la promesse faite aux Rochelais.